Avertissement

« Un beau livre d’espérance »
Étienne de Montéty, directeur du Figaro littéraire

« Un livre poignant »
Christian Makarian, L’Express

Puisse Dieu me prendre en pitié ainsi que le lecteur : un éditeur a pensé que le récit de ma vie pouvait être utile à d’autres et je me suis laissé convaincre. Il a fallu que j’assume l’acte d’avoir apposé ma signature au bas du contrat d’auteur qui me fut proposé. Mais arrivé enfin au bout de l’écriture du manuscrit, j’ai le sentiment qu’il avait raison. Les ventes le diront, à moins que le résultat ne se rapproche de ce qui advint à Jésus à l’issue de son discours sur le pain de vie, où seuls ses douze apôtres restèrent auprès de lui sur les cinq mille disciples qui l’écoutèrent, tout simplement parce que sa parole avait été trop dure à entendre. On peut dire qu’il fut, ce jour-là, un bien mauvais vendeur, et pourtant, on ne peut prétendre qu’il avait eu tort dans ses propos et que les quatre mille neuf cent quatre-vingt deux déçus avaient eu raison de ne plus l’écouter.

Le portrait que j’ai brossé de certaines personnes peut s’avérer fort éloigné de la réalité ou de l’image qu’elles se font d’elles-mêmes. Dieu est plus à même de connaître les reins et les cœurs que nous autres, êtres limités trop enclins à juger. À mes proches, j’ai demandé leur accord pour que ce que j’ai perçu d’eux soit rendu public. Pour les autres, j’ai préféré changer leurs noms afin de respecter leur anonymat.

Bien conscient que les événements décrits ont pu être vécus différemment par d’autres que moi, je peux cependant certifier la sincérité de mon propos. Seul le prisme déformant de la mémoire et de l’écriture fait que, si rien n’est faux, tout n’est pourtant pas vrai.

Deux femmes, dans ma vie, ont reçu de ma part le doux titre de « maman ». La première m’a mis au monde, la seconde m’a élevé. Mais comme la première ne peut être réduite à une simple « mère biologique » – elle a nourri mon imaginaire – et que la seconde est bien plus qu’une simple « belle-mère » – elle m’a élevé comme son propre enfant –, j’ai voulu garder dans ce récit le mot maman pour les deux, suivant en cela ce que je fais dans la vie quotidienne. Mais pour bien distinguer l’une de l’autre, le mot maman a été mis entre guillemets quand il s’agit de la seconde.

On trouvera des extraits de lettres. Elles sont toutes conformes aux originaux, sauf celles datées du 1er juillet 1995, des 12 avril et 23 mai 1999 qui peuvent être considérées comme des reconstitutions. Merci à Aurore de les avoir gardées et à Alix de m’avoir autorisé à les utiliser.

La difficulté à agir selon sa conscience croît avec l’importance de l’enjeu. Plus le prix à payer est élevé, plus on est tenté d’étouffer sa voix. Le risque est alors, au pis, de justifier le fait de ne pas la suivre, au mieux, de retarder l’échéance de lui obéir. Mais fort heureusement cette voix de la conscience, bien que ténue, est tenace. Chercher à aller à son encontre ne se fait pas sans résistance. C’est d’une lutte qui s’apparente à une mise à mort que je témoigne. Je n’ai pas tout dit, ne serait-ce que parce qu’on ne peut tout analyser de ses intentions et de ses actes. Malgré l’impératif « connais-toi toi-même », nous resterons toujours un mystère à nous-mêmes. Mais afin de rendre compte quelque peu de l’ardeur du combat, je n’ai pu éviter d’exposer certaines affres par lesquelles je suis passé. Je l’ai fait en pensant aux personnes qui traversent des épreuves similaires. Qu’on veuille bien me pardonner si, malgré ce souci d’aider mes semblables qui m’a habité, mes propos paraissent scandaleux ou blessants.

Thierry Paillard