Cette économie de marché conduisit inévitablement à l’émergence d’une approche consumériste de la vie, avec le slogan : « C’est le consommateur qui décide ». Dans ce monde consumériste, on promet à tous la capacité de tout acheter parmi un éventail de produits de plus en plus large et performant. Auparavant, les marchands vendaient toujours le même produit, de la même manière, au même endroit, au même moment. Mais aujourd’hui, on vous propose toujours plus grand et mieux que la fois précédente, pour où vous voulez, quand vous voulez. Vous pouvez donc acheter n’importe où et n’importe quand, la dernière version de n’importe quoi. Alors que le consommateur peut, théoriquement, dire « bon, maintenant j’en ai assez, ça me suffit », et arrêter de consommer, le marché fait tout pour que le consommateur ne prenne jamais une telle décision.
La société britannique voit donc désormais toute personne sous l’angle du consommateur potentiel. Le glissement qui s’est opéré dans les chemins de fer illustre parfaitement ce fait, les voyageurs cessant d’être des « usagers » pour devenir des « clients ». Même les écoles et les hôpitaux (et pas seulement les hôpitaux publics) traitent maintenant les élèves et les patients comme tels. Nous sommes désormais tous des consommateurs.
Cette compulsion consumériste repose sur des suppositions plus ou moins avouées : tout d’abord qu’il y a une infinité de produits provenant d’une infinité de chaîne de productions ; ensuite que le consommateur doit s’engager dans un travail productif sans fin afin de gagner l’argent nécessaire pour nourrir une consommation sans fin.
Du coup, alors que les cadres, les cols blancs et le secteur tertiaire vivaient une vie confortable, ils sont passés sous pression ; alors que les ouvriers pouvaient compter sur un travail à vie dans une industrie stable, ils doivent maintenant intégrer évolution de carrière et conversion professionnelle. Et on nous pousse à consommer, à consommer nous-mêmes et à faire consommer les autres pour que leur consommation puisse nous permettre d’être payés à la fin du mois. Voici ce avec quoi nous avons choisi de composer, et qui fait que nous sommes surmenés. En ce sens, nous choisissons d’être dans cet état.
Autrement dit, le mode de vie consumériste force les gens à travailler durement afin d’atteindre leurs désirs de consommateurs. Ce désir de la plus grosse voiture ou des plus belles vacances pousse les gens à trop travailler, et ceux pris dans cette spirale ont la plus grande difficulté à prendre la décision de sortir du cercle infernal en déposant certains de ces désirs et en créant de la place pour un sanctuaire. Mais cette prise de conscience faite, vous pouvez prendre plus facilement du recul par rapport à cette culture et la remettre en question. Vous êtes une personne libre, et vous pouvez choisir jusqu’à quel niveau aller. Vous devez absolument être convaincu que vous pouvez choisir librement de résister à la pulsion de l’hyperactivité et prendre le chemin qui conduit au sanctuaire intérieur.
